Jean BOURDIN (1906 – 1987)

Le paysan écrivain de Cérilly

Ce paysan, ouvrier agricole de son état, a écrit, de l’âge de 16 ans jusqu’à 70 ans passés, une dizaine d’ouvrages qui sont tous à des degrés divers autobiographiques : « Les derniers beaux jours », « La Grande Blonde et la Petite Brune », « la Jolie Prisonnière », « Tu reviendras » ou « Jusqu’au bout du possible », « A votre tour Madame », « Solitude choisie », « Les vies tourmentées », etc …

Son préféré, qui suit de plus près la réalité paysanne, « La Peine » parue en 1962, décrit les 30 premières années de sa vie écoulées à Bretoire, le domaine de Cérilly où il est né le 4 décembre 1906, domaine au sud de Cérilly où ses parents étaient fermiers.

Jean Bourdin quitte l’école en 1919. Il a 13 ans et le certificat d’études en poche. A Bretoire, on vit en amitié avec les voisins. Mais dans la famille Bourdin harmonieuse, l’adolescent Jean Bourdin se sent différent des autres et entre dans un sentiment de solitude caractérisant aussi bien sa vie que son œuvre, sa santé fragile, qui le fait souffrir d’emphysème pulmonaire, sa timidité maladive empoisonnent sa vie. Un cultivateur, à cette époque, doit être hardi et fort physiquement. Ce sentiment d’infériorité il le compense en écrivant et en lisant. Dans sa petite maison, à sa mort, livres et revues littéraires en grand nombre voisinent avec ses propres œuvres écrites. Vers la trentaine, Jean Bourdin parvient à surmonter son handicap en matière de force physique et apparaît comme un bon ouvrier agricole et un jardinier fort passable.

Mais un problème ne sera jamais résolu : son rapport avec les femmes. « Il faut me rendre à l’évidence, écrit-il, j’aime les femmes et elles me font peur ». La solitude sentimentale est un thème fondamental de son œuvre. Pourtant, il a très sensuellement décrit les femmes qu’il désirait. Il rêve ou écrit ses rêves. Il se console de la solitude dans ses livres en se transposant dans des héros serrant des femmes dans leurs bras. Avec l’âge, sa sensualité a pris un aspect obsessionnel.

Jean Bourdin laisse une œuvre originale où l’auteur a osé tout dire de lui-même, et a laissé un témoignage précis sur la vie rurale du pays de Tronçais au XXème siècle. Sous cet angle, les livres de Jean Bourdin sont le miroir grandissant de la difficile condition de certains agriculteurs restés célibataires malgré eux.